Transformer la société, une pierre à la fois

Tout a commencé par les ateliers de cuisine collective. Puis l’entreprise d’insertion s’est ajoutée. De fil en aiguille, un modèle d’économie sociale a émergé, permettant à la Cuisine collective Hochelaga-Maisonneuve de jouer un rôle central dans sa communauté.

« On transforme la société, une pierre à la fois » résume le directeur général, Benoist de Peyrelongue. 

On travaille sur la capacité d’agir et l’autonomie, autant des individus et de la collectivité que de l’organisme lui-même, en mettant l’économie au service du social. C’est un modèle qui était encore marginal il y a quelques années. Aujourd’hui, c’est une économie secondaire, forte, qui a un véritable impact.

— Benoist de Peyrelongue, directeur général

L’économie au service du social

Pour les organismes comme la CCHM qui évoluent dans cet univers, les profits tirés d’activités de nature économique sont directement réinvestis dans les activités sociocommunautaires.

La CCHM génère donc des revenus grâce à son service de traiteur, la cafétéria La Solidaire (aux bureaux de la CSN), l’épicerie La Collective et, depuis 2019, la production agricole urbaine.

De son côté, le cœur « social » de l’organisme bat au rythme de deux champs d’activités : le volet sécurité alimentaire et le volet insertion socioprofessionnelle.

Un continuum de services alimentaires

Les ateliers de cuisine collective constituent la pierre d’assise de la CCHM, elle-même la plus grosse cuisine collective de la province et fondatrice du mouvement des cuisines collectives du Québec. Levier important d’autonomie pour les participants et leur entourage, ces ateliers ont révélé leur caractère indispensable lorsqu’ils ont été annulés en raison de la pandémie.

« Nous savions que nous étions un organisme d’importance dans la communauté, mais nous ne nous doutions pas que notre rôle était aussi central », admet Benoist de Peyrelongue.

Le contexte sanitaire a été une occasion de développer un réseau de distribution à vélo de repas d’urgence et de paniers de denrées de première nécessité. Les membres des groupes de cuisine collective, qui se retrouvaient tout à coup devant rien, ainsi que les aînés, les familles et les autres personnes dans le besoin, ont pu y recourir. Développé avec des organismes partenaires, ce service est là pour rester disponible à la communauté.

« On a un continuum de services, qui permettent de progresser dans la capacité d’agir », explique M. de Peyrelongue : du repas à 0,50 $ offert via la distribution de paniers alimentaires, aux repas congelés de La Cantine à domicile, en passant par les ateliers de cuisine collective. Chacune à leur façon, ces actions pavent le chemin de la prise en main des citoyens et façonnent une communauté plus résiliente.

La couleur des vestes  a une signification : le gris pour les formateurs, le blanc pour les élèves, le noir pour les anciens élèves, recrutés par la CCHM.

Les échanges entre anciens et nouveaux participants en cuisine créé un milieu d’apprentissage stimulant et valorisant.

Insertion, conviction, vocation

Le parcours de formation et d’insertion socioprofessionnelle offert par la CCHM, en partenariat avec Service Québec, s’inscrit dans cette même volonté de favoriser l’autonomie des individus. À travers une formation de six mois et un suivi avec accompagnement sur deux ans, les participants développent leur employabilité, mais également leur savoir-faire général et leur savoir-être.

Le parcours d’insertion amène plusieurs participants à se joindre à l’équipe de la CCHM. « C’est 50 % de l’équipe qui est issue du parcours d’insertion, mentionne le directeur général. Ces recrues font preuve d’une fidélité extraordinaire à la mission parce qu’ils en ont vécu le sens. »

Nathalie Gagné, adjointe administrative depuis 25 ans à la CCHM a elle-même été embauchée à la suite de sa participation à un programme d’employabilité. Sa motivation est inébranlable, malgré les années.

Nous aidons les gens les plus fragiles, nous mettons de la joie dans leur vie et nous créons un lien d’attachement avec eux. J’ai la CCHM tatouée sur le cœur!

— Nathalie Gagné, adjointe administrative

« Tous les employés puisent une conviction et une vocation dans leur travail et ont à coeur d’aider la communauté et de trouver des solutions adaptées autant en sécurité alimentaire qu’en insertion socioprofessionnelle », note M. de Peyrelongue.

Une vision partagée par Caroline Campeau, coordonnatrice de l’insertion et de la formation.

Les participants, c’est ma raison d’être. Ils sont des êtres humains, chaque personne est unique, ça demande de s’adapter, tout le temps. Je veux qu’ils se sentent bien tout au long de leur parcours et qu’ils aient de l’espoir.

— Caroline Campeau, coordonnatrice de l’insertion et de la formation

L’autonomie alimentaire par l’agriculture

De 30 % à 40 % des végétaux comestibles cultivés par la CCHM sont distribués gratuitement aux clientèles vulnérables via divers organismes. Ces produits sont récoltés sur le toit de la CCHM, ainsi qu’au siège social de Fondaction (CSN), au 5600 Hochelaga, et bientôt sur divers autres sites dans l’est de Montréal. L’accroissement de la culture de légumes, la plantation d’arbres fruitiers et l’implantation de serres « permettra de développer une meilleure autonomie de production en fruits et légumes et une distribution en circuits courts, dit M. de Peyrelongue. D’ici 2025, on vise la production de 25 à 30 tonnes par année ».

Date de création
1986

Territoire desservi
Hochelaga-Maisonneuve et l’île de Montréal

Mission
Promouvoir une saine alimentation, favoriser l’autonomie et développer la capacité d’agir des personnes, en mettant l’économie au service du social.

Activités principales
Ateliers de cuisine collective
Insertion socioprofessionnelle
Réseau de distribution de denrées alimentaires
Services alimentaires (traiteur, cafétéria, repas congelés)
Plateforme de vente en ligne et épicerie
Magasin communautaire
Agriculture urbaine

Histoire

Fondée en 1986 et incorporée en 1989, la CCHM, plus importante cuisine collective de la province, est à l’origine de la fondation du mouvement des cuisines collectives du Québec, en 1992. En 1994, elle démarre son premier projet de formation d’aide-cuisinier. Aujourd’hui, la CCHM est également une entreprise d’insertion socioprofessionnelle reconnue et financée par Service Québec.

Visitez le site web pour en savoir plus

Les repas congelés de la CCHM sont disponibles sur la plateforme de commande en ligne La Cantine à domicile.